Ils ont marqué les JO 2012 #1

Publié le par Jérôme COLLIN

#1 : Michael Phelps

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C'est un monument du sport olympique. C'est une divinité de la natation. C'est un ogre des bassins. C'est un immense champion au palmarès extraordinaire et à la gentillesse naturelle. Michael Phelps tire sa révérence de la plus belle des manières.

 

Ryan Lochte et Chad Le Clos doivent avoir le sourire vissé aux lèvres. Douze ans après son entrée fracassante dans l'eau olympique de Sydney, Michael Phelps va enfin pouvoir laisser la concurrence s'exprimer pleinement. Et l'Américain et le Sud-Africain d'envisager plus sereinement des titres olympiques.

 

Pourtant, se réjouissent-ils vraiment ? Car la natation va devenir orpheline d'un talent hors-norme, et d'un garçon au charisme sensationnel et à la popularité intarissable. Avec 22 médailles, Michael Phelps est définitivement rentré dans l'histoire du sport olympique, en battant le record du nombre de médailles gagnés. 22 médailles donc, dont 18 qui lui ont valu l'honneur de grimper sur la plus haute marche du podium. Des statistiques stratosphériques.

 

En 2000, le monde découvre un phénomène. Il n'a que 15 ans, mais le nageur de Baltimore impressionne déjà les gros bras de la discipline. Aligné sur une seule épreuve, il finit à la cinquième place de la finale du 200 mètres papillons, sa discipline de prédilection, là où l'Américain s'exprime le mieux. En parallèle, Phelps poursuit ses études. Ce qui ne l'empêche pas de remporter son premier titre mondial, avec un record à la clé aux Mondiaux de Fukuoka. C'est le premier titre des 58 que Phelps remportera par la suite dans sa carrière.

En 2003, Phelps prend une nouvelle dimension et aborde les Mondiaux, qui ont lieu à Barcelone, en favori dans certaines disciplines. Le papillon s'avère être sa nage de prédilection, et il y remportera ses plus beaux titres. À Barcelone, il est sacré champion sur 200 mètres papillons et conserve donc son titre acquis à Fukuoka. Il y rajoute quatre médailles, dont deux titres sur 200 et 400 mètres en quatre nages, prouvant là sa qualité technique dans plusieurs nages. Et augurant une domination immense une fois la maturité acquise.

 

La pression, Michael Phelps la connaît déjà lorsqu'il se présente aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Sa cinquième place à Sydney sur sa seule course disputée avait été imputé à un manque d'expérience, à la découverte d'un tout autre monde à quinze ans seulement. À 19 ans, au sortir de l'adolescence, sur le chemin de l'âge adulte, Phelps se doit de répondre aux multiples attentes et espoirs de la délégation américaine placés en lui. Pour ses premiers véritables Jeux où il a toutes les chances d'être compétitif, l'Américain se fixe déjà un objectif très relevé : battre le record de sept titres olympiques dans la même Olympiade, détenu jusque là par Spitz. En s'alignant sur huit épreuves, Phelps se donne toutes les chances de battre ce record, ou tout du moins de l'égaler. La promesse d'un million de dollars de prime attribué par son sponsor Speedo décuple sa motivation. Mais il échoue de peu dans sa tentative, repartant de Grèce les valises pleines de six médailles d'or et de deux en bronze. Sans avoir atteint la barre des 20 ans, Phelps est déjà un phénomène de la natation.

 

La détermination d'être titré huit fois dans les Jeux Olympiques ne le lâche pas. C'est en conséquence qu'il se prépare pour les Jeux prévus à Pékin en 2008. à Montréal en 2005 lors des Mondiaux de natation, il glane quatre nouveaux titres et une médaille d'argent. Chaque jour qui passe, chaque compétition disputée le rapprochent de l'objectif majeur de sa vie, et le consacrent un peu plus encore comme l'immense champion des Jeux Olympiques de Pékin (où il se fera voler la vedette en partie par Usain Bolt). En 2007, rebelote avec des championnats du monde où cette fois-ci il remporte sept médailles d'or en huit courses, ne pouvant disputer la finale du relais avec les USA, disqualifié en séries. Pékin se profile à l'horizon du nageur américain qui marque toujours plus les esprits.

En Chine, Michael Phelps a huit courses pour définitivement marquer de son empreinte, de ses coups de bras et de jambes les registres olympiques. Huit courses pour huit titres. Un challenge dantesque, qui demande un physique parfaitement affûté et une capacité de récupération impressionnante. Et même si sa technique remarquable lui permet de s'économiser dans les séries voire dans les demis-finales, Michael Phelps a fort à faire en s'alignant sur autant de disciplines.

Qui ne tente rien n'a rien. Pour Phelps, le dicton se recycle en «Qui tente tout a tout». L'Américain récolte les fruits d'un dur labeur exigé par le plus haut niveau. Car celui de la natation est relevé. En solitaire ou accompagné de ses acolytes des relais, Phelps renverse tout sur son passage.

 

La digestion réussie

 

L'ogre des bassins aurait pu se satisfaire de cette performance historique. Il s'en est d'ailleurs contenté pendant un laps de temps de cinq mois. 20 semaines pendant lesquelles Phelps ne fait plus rien, ne pénètre plus dans une piscine pour faire des longueurs toute la journée. La décompression est maximale, et ses performances s'en feront ressentir plus tard.

Hésitant à reprendre du service dans son sport, Phelps décide finalement de se remettre à l'eau. Mais d'une manière différente. L'Américain veut aussi prendre du bon temps, et ne pas s'acharner au travail. Conséquence immédiate, ses adversaires le talonnent désormais. Ce qui ne l'empêche pas de rafler encore d'autres titres, jamais repu. Avec comme objectif les Jeux Olympiques de Londres, qui seront son ultime compétition.

Les Mondiaux 2009 et 2011 sont plus ternes que les JO de Pékin, mais ils restent à un degré de performance très important.

 

À Londres, pour les JO 2012, Phelps voulait devenir l'athlète ayant le plus de médailles olympiques. L'Américain a éclaboussé à nouveau de son talent les piscines mondiales et a réussi son nouveau pari démesuré. Avec quatre titres olympiques de plus et deux médailles d'argent, Phelps a atteint à Londres la barre des 22 médailles olympiques, dont 18 en or. Une manière idéale pour tirer sa révérence et faire ses adieux à la natation.

Après avoir tout gagné et marqué l'histoire à Pékin, Phelps a su se remobiliser. Certes dans la douleur d'abord, mais avec une force mentale de tous les instants. L'Américain a tout fait pour revenir à son meilleur niveau et a osé se frotter à des jeunes nouvellement arrivés au plus haut niveau. L'éclosion de cette nouvelle vague de nageurs l'a poussé dans ses retranchements pour qu'il maintienne son désir de franchir de nouveaux records. Les temps furent délicats pour lui pendant un temps, on le disait moins saignant qu'auparavant, moins tranchant, moins appliqué également. Ce qui n'a pas retiré à Phelps la possibilité de remonter sur les podiums olympiques.

 

 

Un nageur atypique

 

Phelps est une légende du sport désormais. Même si cela ne date pas d'hier, le Kid de Baltimore n'a eu de cesse de vouloir repousser ses limites et pulvériser tous les records, pas seulement chronométriques. Irréprochable tout au long de sa carrière en ce qui concerne les pratiques dopantes, Phelps n'a jamais non plus couru en combinaison en polyuréthane, à l'instar d'un Yannick Agnel. Cela lui a coûté cher parfois, incapable de rivaliser avec des adversaires nageant beaucoup plus vite que lui grâce à ces combinaisons. Bien lui en a pris, puisque depuis, celles-ci sont interdites. Et les exemples de nageurs ayant baissés le pied depuis ne manquent pas, à commencer par Paul Biedermann, à côté de ses pompes en terre anglaise.

 

Michael Phelps, c'est également un caractère jovial, assez peu démonstratif en comparaison de ses multiples exploits. Assez peu enclin à communiquer avec les médias notamment européens, Phelps est un être que l'on pourrait qualifier de réservé, de timide, qui se transforme en fauve une fois dans son élément. Quand Usain Bolt se proclame lui-même comme une légende, Phelps fait profil bas et préfère retenir les victoires en relais, où il peut mettre en avant le travail de ses coéquipiers. Souvent sourire aux lèvres, au pire avec une moue des mauvais jours lors de ses rares déceptions, Phelps est un être humain à peu près comme les autres, à la seule différence qu'il est un champion olympique d'envergure historique.

 

À 27 ans, Michael Phelps s'en va vers d'autres cieux. Lassé de la natation et de ses cadences rigides et épuisantes, l'Américain rêve d'une existence normale désormais. Un quotidien serein, de «Monsieur-tout-le-monde» pour un homme qui n'en est pas.

 

Jérôme COLLIN

 

 

Sa fiche

 

Michael Phelps, né à Towson (USA) en 1985

 

22 médailles olympiques (18 en or), 33 médailles mondiales (26 en or) et 16 médailles «Pan-Pacifique» (13 en or)

 

Athlète olympique le plus titré de tous les temps

 

Phelps a établi 37 records mondiaux dans sa carrière

 

 

Publié dans London 2012

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