Ils ont marqué les JO 2012 #2
#2 : Tony Estanguet
Dantesque performance accomplie par Tony Estanguet. Le Français a remporté un troisième titre olympique en canoë-kayak à Londres, après ceux de Sydney et d'Athènes. Estanguet se retire sur la plus belle des récompenses. Portrait.
Simple, détendu, accessible. Tony Estanguet est bel et bien triple champion olympique, mais sa gentillesse ne l'a jamais quitté. Tous les dimanches de cette année, on a pu l'entendre sur les ondes de la station FM RMC. Déterminé à l'idée d'avoir une dernière chance de marquer l'histoire olympique, Estanguet a du cravacher pour que ce rêve devienne une réalité.
Paradoxalement, l'épreuve olympique en elle-même fut moins compliquée pour le céiste français que les épreuves de qualification. L'impression de facilité, de puissance et de technicité dégagée à Londres dans le bassin olympique tranche avec l'harassant combat que le Français a dû mener quelques mois avant pour valider son billet en outre-Manche.
Estanguet a simplement surpassé ses adversaires, porté par son désir de revanche sur lui-même et sur ses adversaires après son échec de Pékin. Les Jeux Olympiques sur le continent asiatique ne lui avaient pas porté chance, malgré sa qualité de porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture. Pékin devait le consacrer, il l'a anéanti momentanément.
Frustré, déçu, le Français a dû se battre pour se remettre dans le sens de la marche et pour redevenir pleinement compétitif. À force d'entraînements, d'encouragements et de résultats positifs (deux titres de champion du monde, un de champion d'Europe), Tony a retrouvé le goût de la compétition, la motivation nécessaire pour aborder les Jeux Olympiques de la meilleure manière qu'il soit.
Pour ce qui sont vraisemblablement ses derniers JO, Estanguet a tout donné pour ne pas avoir de regrets. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a écrasé la concurrence, reléguant à plus d'une seconde son dauphin, l'Allemand Tasiadis, et encore plus son éternel rival Michal Martikan.
Moins en verve en demi-finale, Tony Estanguet a une fois de plus montré sa capacité à se transcender dans les moments importants, lorsque la pression est à son comble, et que les dés sont jetés. La finale ne fut qu'une formalité.
Avec ce titre en poche, Estanguet a pu débuter sa campagne olympique, pour devenir membre du Comité International Olympique (CIO) pour une durée de huit ans. Avant Londres, le Français était déjà connu, pour ses deux titres de Sydney et de Pékin, mais également pour sa personnalité combative mais pleine de bonté et de générosité. Le coup de tonnerre qui a fait suite à son troisième titre olympique a eu pour effet de centrer encore plus le feu des projecteurs sur lui, augmentant sa popularité, et également sa visibilité auprès des autres athlètes.
Car pour avoir le droit de siéger au CIO, Estanguet a dû démarcher le plus d'athlètes possibles, de toutes les délégations présentes. La médaille d'or autour du cou, le céiste tricolore a forcément pu compter sur sa performance historique pour en faire un argument de plus.
Mais c'est surtout son active participation dans le projet «Paris 2012» qui a forcé le respect des autres athlètes. Estanguet s'était investi corps et âme dans cette aventure, et l'immense déception de ne pas voir le projet parisien sélectionné l'avait affecté. En étant au CIO pour huit ans, le Français pourra peser sur les décisions de celui-ci, et pourquoi pas aller dans le sens de la France, si cette dernière se décide à poser une candidature pour 2024 (si Monsieur Hollande daigne se positionner sur le sujet).
Jérôme COLLIN
Sa fiche
Tony Estanguet, né à Pau le 6 Mai 1978
10 titres de champion de France, 5 médailles européennes (dont trois en or), 6 médailles mondiales (dont trois titres) et 3 titres olympiques
Membre pour huit ans du CIO
Premier athlète français de l'histoire à remporter trois médailles d'or olympiques sur la même discipline
Porte-drapeau de la délégation française à Pékin en 2008