London, here we go!#5
#5: Tournoi de handball masculin
Ils ont dominé le handball masculin pendant de longues années, s’emparant de tous les titres mis en jeu dans chaque compétitions auxquelles ils ont participé. Ils ont perpétué la qualité du handball français sur la scène internationale. Les Experts devaient aborder ces Jeux Olympiques de Londres en immense favori, sans rival pour lutter. Mais l’Euro en début d’année a brouillé cette vision unilatérale du handball mondial.
Les séries sont faites pour s’arrêter un jour. Que ce soir une spirale de victoires ou de défaites, il est impossible de la poursuivre éperdument. L’équipe de France masculine de handball l’a appris à ses dépends en Janvier dernier lors des championnats d’Europe.
Champions olympique en 2008, champions du monde en 2009 et 2011 sans oublier la victoire à l’Euro en 2010, les Experts trustaient les trophées sans que la concurrence ne parvienne suffisamment à combler l’écart entre la France et les autres sélections de handball.
Un tel niveau de performance était déjà remarquable, les Bleus étant supérieurs techniquement et physiquement sur l’ensemble des autres pays. Mais le plus impressionnant résidait sans doute dans la capacité des Bleus à sans cesse se remettre en question, à chercher à aller toujours lus haut, à marquer les esprits à chaque compétition disputée. Tous les sportifs le reconnaissent, il est très délicat de se motiver encore et encore une fois que l’on a tout gagné, les challenges se réduisant comme une peau de chagrin. De 2008 à 2011, rien n’a pu arrêter les hommes de Claude Onesta.
Début 2012, à l’approche de l’Euro organisé en Serbie, peu de choses pouvaient laisser croire à un tel naufrage qu’allaient connaître les Français. Et encore moins un manque criant de motivation. Certes, le groupe français était assez relevé, avec la présence notable de l’Espagne, « enquiquineuse en chef » des Experts depuis plusieurs compétitions (trois match nuls avant leur victoire à l’Euro contre les Bleus), mais la qualité intrinsèque des Français aurait du suffire à au moins sortir des poules.
Au lieu de ça, Karabatic et cie ont été rapidement éliminés, avec une deux victoire au compteur, face à l’équipe de Russie et la sélection slovène. Le reste fut intégralement un long parcours du combattant pour les Français, afin d’éviter un naufrage total.
On a peu senti les joueurs impliqués, ni même réellement appliqués. Nikola Karabatic symbolise cette faillite collective et individuelle des ténors de la sélection tricolore. Le Français, d’origine serbe, a sombré sur ses terres natales et n’a pas résisté à une forme de pression. Ses pourcentages de réussite aux tirs furent faméliques comme jamais, et ses échecs répétés devant les buts ont participé au chemin de croix emprunté par la sélection française.
Aujourd’hui, le temps a passé, les Bleus ont eu le temps de se ressourcer, reprenant chacun leur place dans leur club respectif, avec chacun leurs objectifs personnels et collectifs. Six mois après ce délicat championnat d’Europe de handball, les Français vont aborder les Jeux Olympiques de Londres de manière différente. Détrônés, délogés de leur place de meilleure nation d’Europe, les Experts ont donc légitimement de nouveau les crocs pour montrer à leurs supporters en particulier qu’ils n’ont pas fini d’illuminer le handball de leurs exploits.
Claude Onesta aurait pu faire tourner l’effectif français, mais il a préféré parier sur une continuité. Elle peut être risquée d’un point de vue, puisqu’elle n’insuffle pas une énergie nouvelle, une vitalité de jeunes joueurs, ce qui a sans doute manqué pour l’Euro en Janvier dernier. Mais c’est également un choix rationnel tant l’effectif actuel n’a pas perdu toutes ses qualités, loin s’en faut, et reste l’un des meilleurs au monde.
Les jeunes, cette équipe en comporte, avec les sélections d’Accambray ou de Barachet. Le premier s’était fait tirer les oreilles en Serbie, coupable aux yeux d’Onesta de dilettantisme. Le second n’a pas encore réellement trouvé sa place dans le collectif tricolore. Mais tous deux représentent, entre autres, l’avenir du handball français. Les Jeux Olympiques peuvent être l’occasion de les voir s’exprimer pleinement.
Qui pour empêcher les Bleus de remporter un second titre olympique de suite? Plusieurs équipes paraissent pouvoir mettre des bâtons dans les roues françaises. Le Danemark, la Croatie ou même encore l’Espagne, qui reste un sacré client malgré sa défaite hier en finale de l’Euro-tournoi (31-24).
Le Danemark avait emmené, il y a un an de cela, les Français jusqu’en prolongations avant de finalement s’incliner en finale des Mondiaux (37-35), et est actuellement champion d’Europe en titre, après avoir sorti l’Espagne en demi-finale.
L’Espagne peut donc également être une prétendante à la victoire finale. Il faudra également se méfier des Croates, qui ont longtemps été les plus grands concurrents des Bleus, sans jamais réussir à les empêcher de remporter des titres.
Il y a quatre ans, les Français avaient tout renversé sur leur passage, dominant de la tête et des épaules les Islandais en finale du tournoi olympique. La donne pourrait être beaucoup plus ardue, tant l’écart entre la France et les autres formations s’est considérablement resserré.
Jérôme COLLIN