L'Europe se refuse aux clubs français

Publié le par Jérôme COLLIN

Le football français est tombé en déliquescence cette année en coupes européennes. Lyon ne devrait pas se qualifier pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions pour la première fois depuis 9 ans, l'Olympique de Marseille n'y est pas encore, et le LOSC profite d'un groupe où aucun favori ne se dégage. En Ligue Europa, le PSG ne montre pas sa supériorité prétendue, et les Rennais n'ont pas peser bien lourd. Autopsie d'un désastre qui peut avoir des répercussions.

 

Le palmarès européen des clubs français frise toujours autant le néant. Un succès en Ligue des Champions en 1993 de l'Olympique de Marseille, une victoire en Coupe des Coupes (aujourd'hui Ligue Europe) du PSG en 1996, et puis c'est tout. Deux maigres titres qui témoignent du fossé qui sépare le championnat français du reste de l'Europe. Et si l'OM et Monaco ont atteint en 2004 respectivement la finale de Coupe de l'UEFA et de la Ligue des Champions, et Lyon le dernier carré de cette dernière en 2010, le bilan reste frileux.

Cette année ne devrait pas échapper à la morosité ambiante qui qualifie les clubs tricolores au niveau européen. Le LOSC revient de très loin en phases de poule de C1, et devrait obtenir une qualification «au rabais», tant les Dogues profitent de l'absence d'un leader dans leur groupe. L'Inter de Milan a dès la première journée et sa défaite face à Trabzonspor modifier la donne et accentuer le suspens du groupe.

Les Phocéens sont en bonne voie pour se qualifier pour les huitièmes de finale, mais l'insigne faiblesse de leur groupe (Arsenal n'a rien montré, Dortmund s'est fait balayer au match aller, coupable d'un manque d'expérience rédhibitoire à ce niveau, et l'Olympiakos a posé beaucoup de soucis à l'OM malgré un talent difficile à dénicher) les a bien aidé.

Enfin l'OL est désormais plus que dos au mur, et pourrait devenir un miraculé en cas de qualification. Deux matchs nuls et vierges contre l'Ajax Amsterdam devraient annihiler les espoirs de suite dans cette compétition, une première depuis 2002.

 

Vous l'aurez compris, les clubs français ne sont pas vraiment à la fête globalement en Coupe d'Europe. Et un coup d'oeil vers la Ligue Europe ne peut que ternir un peu plus ce bilan. Les Rennais n'ont pas été capable de remporter ne serait-ce qu'un seul match, dans un groupe certes relevé. Et le PSG ne respire pas la sérénité dans une poule très abordable à première vue.

 

Budget rachitique, talent limité

 

Certes, ce n'est pas la seule explication du manque de compétitivité des clubs français en Coupe d'Europe, en atteste les difficultés du PSG qui possède désormais de moyens financiers presque illimités. Mais le manque de liquidités pénalise bien entendu l'OL et consorts. Contrairement aux clubs étrangers, une équipe française n'a pas le droit de s'endetter, au risque de se faire rétrograder financièrement par la DNCG. Un organisme qui n'existe pas ailleurs en Europe, et laisse donc la voie libre aux dettes colossales. À titre d'exemple, Manchester United accuse une dette de 800 millions d'euros, et Manchester City a perdu près de 200 millions d'euros rien que sur l'exercice précédent. Des sommes impensables en France, et un déficit impossible qui bien sûr empêche de recruter les meilleurs joueurs au monde, qui participent à la compétitivité d'une équipe. Seul le PSG a pu acheter à tour de bras pendant le mercato d'été, sans devoir alléger la masse salariale et vendre des joueurs avant, comme ont du le faire les Lyonnais ou les Lillois. Fini le temps des folies sur les marchés pour les clubs français, la tendance est à la prudence, et au risque zéro sur les transferts.

Jean-Michel Aulas a peut-être aussi été échaudé par les multiples flops Bodmer, Keita, Makoun qui lui ont coûté très chers et ne lui ont pas apporté grand-chose.

Moins actifs sur le marché des transferts, par choix et par manque de moyens, les clubs français ne peuvent pas rivaliser avec les meilleurs clubs d'Europe.

 

D'autant plus que le niveau tend à s'élever d'année en année. Les nouveaux venus en Ligue des Champions sont très fournis financièrement et en nombre de joueurs de grand talent. De sorte que la concurrence s'accentue. Prenons l'exemple de cette année. Le chapeau 4 , celui des novices ou moins bons clubs, était notamment composé de Naples ou encore du Borussia Dortmund, deux clubs qui trustent les premières places dans leur championnat respectif.

Manchester City, du chapeau 3, est également un revenant dans la compétition, puisque les Citizens n'y participent que pour la deuxième fois. Mais les Skyblues ne font pas de complexe et peuvent encore se qualifier, dans ce qui est sans doute la poule la plus délicate (Bayern Münich, Villareal, Napes et City).

 

L'argent ne fait pas toujours le bonheur

 

Mais il serait faux de donner uniquement des raisons financières pour expliquer le déficit de talent et de compétitivité des clubs français. On a le sentiment dernièrement que l'engagement est moins important, que les coupes européennes n'ont plus la même saveur. Et cet engagement en baisse contrarie les ambitions françaises. Meilleur exemple de cette nouvelle dynamique des clubs français en la personne de Jean-Michel Aulas. Le remuant président de l'Olympique Lyonnais estime l'Europa League comme un «formidable lot de consolation». Discours repris par Lisandro Lopez, artilleur en chef de l'attaque gone, qui ne voit pas la quasi-élimination de l'OL de Ligue des Champions comme une «catastrophe». Deux déclarations inimaginables il y a de cela trois ans en bord de Rhône, notamment dans la bouche de JMA, exigeant pour son club. D'autant plus que cette non-qualification va déboucher sur une perte d'argent, préjudiciable forcément pour les Rhôdaniens.

L'OL a concédé deux tristes 0-0 contre un Ajax Amsterdam pas au sommet de son art, loin s'en faut. Mais Rémi Garde a fait à chaque fois le pari de ne pas prendre de risques... Très peu dangereux, les Gones n'ont pas dominé les Hollandais, et les deux pâles copies affichées sont la cause de cette élimination.

Les Rennais ont également manqué d'ambition dans leur groupe, certes corsé, mais ne pas avoir engranger une seule victoire relève quand même du flop total. Rarement Antonetti aura aligné sa meilleure équipe, pas même contre le Celtic Glasgow, l'adversaire le plus abordable.

 

Le manque de moyen financier pour expliquer certaines difficultés ne tient pas non plus quand on se réfère au PSG. Les investisseurs qataris ont déboursé presque 100 millions d'euros, mais cela n'empêche pas le PSG d'éprouver les pires difficultés à venir à bout du Sloan Bratislava, ou bien encore des Red Bull Salzburg. Même l'Athletic Bilbao a battu le PSG à Anoeta. Preuve que les moyens financiers n'expliquent pas tout de la supériorité du Barça, de Manchester United ou du Bayern Münich par exemple. Le manque d'expérience, de volonté de participer influe sur les résultats.

 

À terme, c'est la place de sixième meilleur championnat européen de la Ligue 1 qui est menacée. En effet, les clubs portugais, au cinquième rang, jouissent de résultats plus convaincants, comme la victoire l'an dernier de Porto en Europa League, et pourraient prendre le large. Et derrière, les clubs russes se développent de plus en plus, grâce à une manne financière toujours plus importante, mais aussi un encadrement plus rigoureux. Le championnat russe étend sa toile en attirant de plus en plus de joueurs au potentiel intéressant. Et pourrait, dans quelques années, venir concurrencer le football français.

 

Jérôme COLLIN

 

Et vous, quel est votre avis sur la campagne européenne des clubs français?

 

Publié dans Football

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A
Bonjour<br /> Parfait, pourriez vous me donner vos coordonnées ou plutôt que nous échangions par email. Envoyez toujours vos mails à cette adresse.<br /> Sportivement<br /> Actusports
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A
Pouvez-vous me donner vos dispositions vos horaires ou vous pourriez éventuellement écrire pour Actusports.fr<br /> Sportivement,<br /> La rédaction
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J
<br /> <br /> Excusez moi pour la lenteur d ela réponse,<br /> <br /> <br /> je peux éventuellement écrire tous les week-end sur votre site. Une cadence d'un article par semaine me conviendrait parfaitement!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br /> Jérôme COLLIN<br /> <br /> <br /> <br />
A
Bonjour,<br /> Je tiens un site internet en compagnie d'un designer et aimerais savoir si vous seriez intéresse pour écrire pour Actusports.fr. Ce site est en train de se développer et a été récemment crée.<br /> Sportivement,<br /> La Rédaction
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J
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> je serai honoré de participer à la rédaction d'articles sur votre site. Cependant, j'écris déjà sur plusieurs sites, qui demandent à ce que les articles soient exclusivement publiés sur leur<br /> site, et faisant des études (terminale ES), je n'ai pas le temps de multiplier les articles... Si j'écris sur votre site, ce ne serait pas très souvent (pas plus d'une fois par semaine).<br /> <br /> <br /> Je reste quand même ouvert à votre proposition!<br /> <br /> <br /> Bonne journée,<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> <br />