La finale dans la douleur

Publié le par sportsfans

0016415db3a62b445baa306b99e54633.jpg

 

Le XV de France de rugby a remporté sa demi-finale face au Pays de Galles, au terme d'un match terriblement indécis jusqu'à la fin, et qui aurait pu aussi bien sacrer les Gallois. La France est donc en finale et retrouvera le vainqueur du match opposant la Nouvelle

-Zélande à l'Australie. Avec comme objectif la gagne.

 

Épouvantable rencontre que fut cette demi-finale entre la France et le Pays de Galles, à Auckland cette nuit. Même l'entraîneur vainqueur, Marc Lièvremont, la qualifie de «plus vilaine demi-finale de l'histoire du rugby mondial». Qu'importe, la France est en finale, et c'est bien ça qui compte en premier. Sur l'instant, on se contentera bien de cette qualification pour la grande finale attendue dimanche prochain, à 10 heures. L'affiche sera de rêve, on en est certain. Le vainqueur reste difficile à désigner, mais le match de demain pourra nous livrer quelques enseignements. Au terme d'un match épique par son scénario, indécis, cadenassé, verrouillé jusqu'au coup de sifflet final, ce sont bien les Français qui seront de l'aventure en finale.

 

Que ce fut dur cependant, pour des Bleus bien moribonds, eux qui avaient pourtant parfaitement réussi cette première période la semaine dernière contre l'Angleterre, virant avec 16 points d'avance à la pause. Cette fois-ci, pas de génie, pas d'inspiration dans le jeu des Français. Dès les premières minutes, on a tout de suite senti une équipe crispée et tendue par l'évènement (Morgan Parra et Vincent Clerc parlent après le match de «jouer la peur au ventre»), incapable de garder le ballon et de multiplier les phases de jeu. Peu de ballons portés, un jeu au pied plutôt défaillant, les Français ont souffert dans tous les compartiments de jeu face à de valeureux Gallois. Et même dans le combat, les Français ont mordu la poussière à plusieurs reprises, sans toutefois céder...

Pourtant, les Bleus avaient annoncé toute la semaine qu'ils comptaient s'appuyer sur des valeurs de combat, d'engagement vers l'avant, vers l'attaque comme ils l'avaient fait pour bâtir leur succès face au XV de la Rose. Ce combat devait être la clé du match. Force est de constater que ce fut bien le cas, tant le match fut intense physiquement, et a sacré la bataille en lieu et place de la technique, de la finesse. Non pas que les Bleus ont déjoué physiquement, mais qu'ils ont subi les assauts répétés de 14 Gallois bien décidés à décrocher leur première finale de Coupe du Monde de leur histoire.

C'est bien le Pays de Galles qui a provoqué beaucoup de frayeurs au clan tricolore, et à commencer par le staff. Dimitri Yachivili reconnaîtra après le match que son équipe «s'est fait peur». Et on a vu un Marc Lièvremont très agacé par les fautes de son équipe, par le déroulement des évènements. Drôle comme la physionomie d'un match peut changer du tout au tout en si peu de temps. Géniaux la semaine dernière en attaque, et rugueux physiquement, les Bleus n'ont pas rendu la même copie ce matin, heure française. Emprunté en attaque, jamais vraiment dangereux devant l'en-but gallois, les Bleus s'en sont remis à la botte de Morgan Parra. Les satisfactions côté attaque sont donc très peu nombreuses, voire carrément inexistantes. En défense cependant, elles le sont. Décriée pour sa fragilité défensive en début de compétition, l'équipe de France a resserré les boulons et les vis derrière, pour prendre un minimum d'essais. Le changement est efficace et visible. Ma

is ce que l'on retiendra le plus de cette demi-finale, c'est bien la discipline française lors des phases d'attaque des Gallois. La dernière banderille du Pays de Galles, dans les arrêts de jeu, alors que la sonnerie annonçant le dépassement des 80 minutes de match avait retenti dans l'Eden Park, résume à merveille cette nouvelle donne pour les Bleus. Les Gallois ont cumulé les phases de jeu, jusqu'à la 26ème, où ils ont commis un en-avant. Pendant plus de 3 minutes, les Français ont du défendre avec la peur au ventre. Une pénalité obtenue et transformée par les Gallois suffisaient à éliminer la France. Sur cette dense période, pas une seule fois le XV de France ne s'est mis à la faute. Une satisfaction qui doit servir de base pour la finale, où la défense sera un élément primordial, si les Bleus veulent croire en leur chance.

 

Finalement, ce qui a sauvé les Bleus, c'est bien cette expulsion à la 18ème minute de Warburton, coupable d'un plaquage cathédrale violent sur l'ailier Vincent Clerc. Alain Rolland, l'arbitre de la rencontre, n'a pas hésité longtemps et sorti le carton rouge. À voir la domination galloise en infériorité numérique, c'est à se demander ce qu'elle aurait été à 15 contre 15. Car le Pays de Galles a fait preuve d'un bravoure et d'un héroïsme peu commun dans le rugby, et unanimement salué par les vainqueurs. Lièvremont parle ainsi de Gallois «extraordinaires de courage», qui n'ont en effet rien lâché, jamais ab

andonné jusqu'à la toute fin. Pour l'ensemble de leur oeuvre dans cette compétition, les Britanniques mériteraient bien une récompense, comme la place de troisième. Pas sûr que cela ne les console vraiment. Leur déception est légitime. Dominateurs pendant tout le match, auteurs du seul essai de la rencontre, y croyants dur comme fer, les Gallois disent adieu au titre pour un petit point. La botte de Morgan Parra et leur maladresse au pied leur a coûté très cher. Cette équipe pourra quitter la Nouvelle-Zélande, pays du rugby, la tête haute, avec des objectifs rehaussés.

 

La France a donc mis de l'impact dans cette rencontre, mais uniquement pour défendre et préserver leur court avantage. Ils peuvent désormais se profiler vers cette finale qui les attend. «Heureux mais sous le choc», Marc Lièvremont a du pain sur la planche cette semaine, pour rectifier le tir. Car si les Bleus sont en finale, ils ne pourront pas réitérer pareille prestation pour essayer de l'emporter, à moins de tomber sur une équipe terriblement maladroite. En défense, les certitudes sont bien présentes. C'est en attaque que les Bleus ont pêché. Le monde à l'envers par rapport au début de compétition, où l'attaque donnait globalement satisfaction, sans être vraiment décisive et ultra-efficace, et où la défense prenait trop souvent l'eau. L'idéal serait que les Bleus réunissent efficacité défensive et offensive dimanche prochain en finale, mais ce sera compliqué. Aux Français de faire en sorte de faire du mieux possible, et créer pourquoi pas, la sensation.

 

la-finale-en-souffrant.jpg

Médiocre, chanceux, ce XV de France se retrouve donc en finale. Qui aurait pu parier sur une telle performance en début de tournoi, et après avoir analysé les premiers matchs de cette sélection tricolore ? Bien peu de monde. Toujours est-il que c'est le cas, et que le rêve, le Graal n'est plus qu'à 80 minutes.

 

Jérôme COLLIN

Publié dans Rugby

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article