Ouf, la France y sera!

Publié le par sportsfans

Grâce à son match nul d'hier face à la Bosnie au stade de France, la sélection tricolore décroche un billet direct pour l'Euro, s'évitant par une défaite la redoutable épreuve des barrages. Paralysé par l'enjeu, l'équipe de France en est pourtant passé tout près et n'a pas du tout rassuré...

 

L'essentiel est assuré. Par ce match nul, la sélection de Laurent Blanc a validé son ticket direct pour la Pologne et l'Ukraine, où se déroulera le Championnat d'Europe des Nations 2012. Une simple formalité il y a dix ans de cela, une épreuve qui ressemble à un parcours du combattant aujourd'hui, pour cette équipe tricolore qui s'embourbe et se complique irrémédiablement et toujours la tâche.

L'enjeu de cette confrontation entre la France et la Bosnie était simple. Définir qui allait pouvoir fêter sa qualification pour l'Euro dès le coup de sifflet final, et qui devrait patienter pour, éventuellement seulement, s'envoler au mois de Juin en Europe de l'Est. Bref, une vraie «finale» du groupe D, là où rien n'était joué.

Les Bleus n'avaient qu'un point à prendre pour terminer premier du groupe, et reléguer la Bosnie à la seconde place, celle des barrages. La Bosnie, elle, devait donc à tout prix gagner. Les deux nations restaient sur deux matchs facilement remportés, la première face à l'Albanie, toujours au stade de France, sur un score ample (3-0) et une prestation plutôt convaincante, comme rarembf3aab2cccfabfb4bef3aadec8204d71.jpgent sous l'ère Laurent Blanc. La seconde n'avait pas eu de mal à se débarrasser d'une faible sélection du Luxembourg, balayé 5-0 par une équipe bosnienne qui arrangea sa différence de buts.

 

Hier, c'est la Bosnie qui a pris les choses en main, en début de rencontre. Respectant les paroles de son sélectionneur, Safet Susic, qui avait promis de jouer, car ses «joueurs ne savent pas défendre». Attaquant à tout-va, la Bosnie a immédiatement établi un pressing d'enfer sur une équipe de France pataude, bien en mal de se mettre en route. Pression sur le porteur du ballon français, mais aussi succession de passes parfaites entre les Bosniens, révélant une complicité et une alchimie à point nommé entre les joueurs de blanc vêtus. Les corners se sont enchaînés, sans véritablement se révéler dangereux, mais suffisant pour garantir des frissons aux supporters français, bien timorés d'ailleurs pendant les 45 premières minutes. Le milieu de terrain de la Bosnie a outrageusement dominé pendant cette première période celui de la France. Miralem Pjanic a régalé les observateurs de sa gestuelle et de sa classe, délivrant des caviars à ses partenaires, et orientant le jeu à sa guise. À ses côtés, Misimovic n'a pas démérité non plus, mais l'ancien Lyonnais était un ton au-dessus hier.

La France n'a que rarement sorti la tête de l'eau. Quand elle l'a fait, elle est presque parvenue à inscrire un but, à la neuvième minute par Loïc Rémy, qui aurait eu le mérite de refroidir l'ardeur des Bosniens, et aussi faciliter la tâche des Français. Le Marseillais a pêché devant le gardien bosnien, a trop hésité et n'a même pas pu frapper au but. Dommage car la suite du match n'aurait pas été la même, et la France aurait pu s'éviter des frayeurs inutiles. En tous les cas, les Bleus avaient laissé passé leur unique chance de la première mi-temps, initié par un joli cavalier seul (pour une fois efficace...) de Jérémy Ménez.

La Bosnie ne s'est pas arrêté de jouer après cette première alerte pour leur défense. Et a finalement été récompensé de ses efforts, par un joli but à cinq minutes du retour aux vestiaires. Edin Dzeko, jusque là pas dans son assiette, et plus souvent dans le déchet offensif que dans la mise à profit des nombreux ballons dont il a hérité, a permis à son équipe de mener à la pause. Puissant physiquement, le Citizen a mis dans le vent Adil Rami d'un contrôle orienté, lui permettant de se retrouver face au but et de décocher une frappe limpide dans le petit filer gauche des buts d'Hugo Lloris, trop court pour détourner cette merveille de frappe du Bosnien. Avantage mérité pour une sélection bosnienne très volontaire, engagée et désireuse de prendre le jeu à son compte. Et qui a su profiter de la léthargie, la torpeur dans lesquelles se trouvaient les Bleus en première mi-temps, qui ne fut que foisonnement de passes ratées, de relances dangereuses, et d'incompréhensions entre joueurs. Yann M'Vila n'a pas pesé comme à son habitude dans le rond central, muselé par Pjanic et Misimovic. Adil Rami a bu le calice jusqu'à la lie face au buteur bosnien du soir, et Abidal n'a pas vraiment convaincu. Une charnière encore expérimentale qui n'est pas pour rien dans les difficultés défensives des Bleus hier soir.

Les Français ont bien tenté de multiplier les passes pour se rassurer, et stopper les vagues déferlants sur les cages gardées par Lloris. Mais ce fut sans conséquence, sans apport, et n'a pas eu pour effet de calmer le rythme, d'endormir la sélection de Susic.

 

Au retour des vestiaires, Laurent Blanc a vu ses joueurs plus motivé, plus entreprenant qu'en première période. Conséquence logique d'une situation alors mal engagée, puisqu'à ce stade du match, les Bleus devaient alors se coltiner les barrages en plein mois de novembre, pour éventuellement se qualifier ensuite pour l'Euro. Pas simple quand on analyse après coup tous les gros calibres qui sont aujourd'hui même dans cette situation. Conséquence aussi d'une soufflante orchestrée à la pause par Laurent Blanc et le staff technique tricolore, avec notamment en soliste, Jean-Claude Gasset. Sur la pelouse du Stade de France, les Bleus ont donc repris avec de meilleures intentions certes cette partie, mais sans véritablement se faire plus pressant, plus dangereux sur les cages bosniennes. Il a fallu un dynamiteur pour vraiment lancer le moteur français. Et ce fut Jérémy Ménez qui enrôla le costume de catalyseur des Français. Usant de dribbles chaloupés, le Parisien a fait souffrir la défense bosnienne, et même la sélection de l'Est dans sa globalité, forcément quelque peu émoussée de tous les efforts accomplis en première période. C'est sur une faute commise sur l'ancien Romain que la France se procura sa première grande occasion des 45 dernières minutes. Samir Nasri, jusque là terriblement transparent et sans impact sur le jeu tricolore, envoya un ballon sur la barre transversale, qui eut le mérite de réveiller encore plus, le public d'une part, et les Bleus d'autre part. Ménez comme exploseur de défense donc, et Nasri comme sauveur de l'équipe de France, puisque le Citizen fut l'unique buteur français. Accroché dans la surface de réparation, le «minot» a obtenu et transformé un pénalty plein de saing-froid. Récompense d'une domination globale des Bleus en seconde mi-temps, mais qui est restée stérile dans le champ, avec peu d'actions qui sont allées au bout. Symbole d'une attaque française encore en recherche d'un remplaçant à l'inévitable Karim Benzema. Ce ne sont pas les trois buts inscrits face à l'Albanie vendredi soir qui doivent faire illusion sur l'attaque tricolore qui peine plus face aux plus grosses équipes.

Le Madrilène est indispensable à l'activité offensive de la sélection française, puisqu'il combine technique et sens indéniable du but. De plus, c'est actuellement le plus expérimenté des attaquants français, et il connaît désormais très bien les ressorts de la réussite sous le maillot bleu, à savoir une totale abnégation et dévotion, un travail de fond et une volonté de fer. En son absence, les Bleus perdent leur repère, et ne savent plus vraiment vers qui se tourner.

 

La large victoire contre l'Albanie ne devait pas occulter la reconstruction encore lente et difficile des Bleus. On en a eu la confirmation hier, avec cette équipe de France encore trop brouillonne, trop approximative, trop juste pour livrer une prestation de taille face à un adversaire qui, certes, a du talent, mais n'est pas non plus une grande sélection européenne. La suite s'annonce délicate pour les Bleus, puisque l'Euro est certes dans la poche, mais en Pologne et en Ukraine, la donne sera autrement plus rude, avec les meilleures équipes d'Europe. Parmi elles, l'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas qui ont déroulé et déjà affiché leur forces dans ces éliminatoires. La France devrait se trouver dans le chapeau 4, soit le chapeau des équipes les plus faibles. Le programme français pourrait bien être indigeste, avec plusieurs groupes de la mort. Les têtes de série font peur, et les équipes du chapeau 2 n'ont guère de quoi rassurer.

Si la France reste invaincue depuis maintenant 15 rencontres, un record depuis 1996, elle n'a pas réellement affronter de gros calibres, mais plutôt des sélections largement à sa portée. Sa domination ne fut pas évidente sur son groupe, en atteste le classement final qui place au premier rang les Bleus pour seulement un petit point d'avance sur leur adversaire d'hier soir. Il lui reste huit mois pour peaufiner certains rares automatismes, et tenter de construire un semblant d'équipe-type, notamment en défense, où les valses de joueurs perturbent la stabilité de l'arrière-garde française. Sur cette période, de nouveaux joueurs méritent d'être testés, comme Marvin Martin en titulaire. Son entrée hier soir fut aussi un détonateur pour une équipe de France encore ensommeillée et assommée par le cours des évènements. Debuchy a livré une belle prestation vendredi contre l'Albanie, et a largement sa place dans le groupe, où les ailes défensives ne sont pas encore fixées, ni sur la droite, ni sur la gauche. Bref, cette équipe est toujours en chantier, mais il devra prendre fin le plus tôt possible, avec des résultats positifs à la clé.

 

Jérôme COLLIN

Publié dans Football

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