Montpellier tient la cadence

Publié le par Jérôme COLLIN

Lorsque en début de saison, Louis Nicollin annonçait la septième place comme objectif, il ne s'imaginait sans doute pas voir son club se retrouver leader ex-aequo avec le Paris-Saint-Germain au bout de 14 journées de championnat déjà. Cette réussite n'est pas dû au hasard, mais elle intrigue quand même. Quelles sont les raisons d'une telle réussite pour l'heure ? Enquête.

 

 

On se pincerait presque pour y croire. Car si l'on sait cette équipe héraultaise bourrée de talent, la voir en tant que leader, à égalité de points avec le PSG version qatari, a de quoi étonner. Et rendre perplexe. Comment un club aussi petit par le budget (seulement 35 millions d'euros) arrive à se hisser au sommet de la Ligue 1, et dépasser des équipes, telles que Marseille, Lille ou Lyon que l'on attendait tout de suite au moins sur le podium ? Le Montpellier Hérault Sporting Club (MHSC) fait un joli pied de nez à ceux qui voyaient le PSG et ses sommes colossales dépensées pendant l'inter-saison dominer outrageusement le championnat de France. Les Montpellierains parviennent donc à faire avec la moitié voire les deux tiers de budget en moins ce que font Olympiens et Lillois.

 

Depuis sa remontée en Ligue 1, en 2009, le club de Montpellier s'est taillé une belle réputation. Cinquième dès sa première saison de retour en Ligue 1, longtemps mêlée au titre, Montpellier a impressionné. Si l'an dernier, les joueurs ont fini en roue libre, terminant 14ème seulement, le niveau de l'équipe était tout aussi bon.

Cette année donc, les Héraultais trustent les premières places et jouent une fois de plus les troubles-fêtes. Pour cela, le club peut s'appuyer sur une réelle continuité dans l'effectif. Depuis son retour parmi l'élite, peu de joueurs ont quitté ou rejoint le club. Par petites touches, il a été certes modifié, mais jamais en largeur. Continuité payante, puisque les automatismes sont ainsi beaucoup plus simples à créer et à entretenir. Des cages jusqu'à l'attaque, le club de Louis Nicollin a conservé une ossature de joueurs cadres, qui multiplient les bonnes performances. Geoffrey Dernis est au club depuis sa remontée en Ligue 1 par exemple, et réalise un bon début de saison. Cette stabilité s'explique aussi par la présence de nombreux joueurs formés au club. Les El-Kaoutari, Younes Belhanda, Mapou Yanga-Mbiwa et autres sont depuis leur plus tendre enfance au sein du club héraultais. Intégrés peu à peu dans l'équipe première, ils ont apporté énormément à l'équipe, et continuent chaque week-end à briller.

 

Un effectif stable donc, mais aussi qui possède des perles à tous les niveaux. Dans les buts, le MHSC peut compter sur deux gardiens de très haut niveau. Titulaire habituel, Geoffrey Jourdren poursuit sa progression phénoménale. Également formé au club, le jeune homme de 25 ans a su prendre sa chance dès que celle-ci s'est présentée. Habituel doublure de Johan Carrasso, Jourdren a pu se hisser comme numéro 1 lorsque le frère de Cédric Carrasso s'est gravement blessé. Depuis, il n'a quitté que très peu les buts montpelliérains. La qualité de l'actuel dauphin de Jourdren, Laurent Pionnier, témoigne encore plus du talent du premier.

En défense, un joueur sort du lot. Mapou Yanga-Mbiwa, né en République centrafricaine, mais de nationalité française, est devenu un joueur charnière de la défense héraultaise. Malgré son jeune âge (22ans), le Français entame sa troisième saison en Ligue 1, et peut prétendre à l'équipe de France, en cette période de doutes dans la maison bleue.

Au milieu de terrain, autre perle rare, également formée au club, avec Younes Belhanda. Celui qui joue désormais pour la sélection marocaine enfile également les performances de premier rang, à tel point qu'il est courtisé par de grands noms déjà (en France, mais également à l'étranger).

Enfin, en attaque, Montpellier peut compter sur l'unique représentant de l'équipe de France dans l'Hérault. Olivier Giroud, artificier attitré du MHSC, n'est en Ligue 1 que depuis l'an dernier, mais c'est à croire qu'il y a joué toute sa vie. Sa faculté d'adaptation, sa technique irréprochable, son corps athlétique et sa grande taille en font un des meilleurs attaquants de Ligue 1.

 

Du talent à toutes les lignes, Montpellier en a depuis son retour de l'antichambre de la Ligue 1. Ce qui lui manquait jusque là, c'était une attaque prolifique. René Girard, adepte de la défense à tout prix, a changé de stratégie cette année. Fini les matchs verrouillés, qui endormaient la Mosson, et multipliaient les matchs nuls. Désormais, c'est prime à l'attaque, tout en gardant une rigueur défensive. Et pour le moment, cela fonctionne à merveille. Parfaitement équilibrée, redoutable devant (meilleure attaque de Ligue 1 avec 29 buts, un nombre détonnant quand on sait que l'an dernier Montpellier n'avait inscrit que 32 buts...sur l'ensemble de la saison!), plutôt efficace derrière étant donné la prise de risque de la stratégie héraultaise (16 buts encaissés), cette équipe est complète. Certes, elle peut compter sur une certaine chance pour le moment, qui pourrait leur faire défaut à l'avenir, mais cette équipe la provoque, la cherche, comme face à Marseille samedi soir. Le but contre son camp de Souleymane Diawara, qui a offert le succès à Montpellier, est la conséquence logique d'une vagues d'offensives du MHSC.

 

Malgré son aspect familial, le club de Montpellier a à sa tête des dirigeants exigeants, qui réclament des résultats. Premier dans cette optique, le président Louis Nicollin. Le fort en gueule est ambitieux pour ses joueurs et l'équipe qu'il dirige. Mécontent de l'attitude de ses joueurs à la fin de saison dernière, qui avaient terminé la saison sans forcer, Nicollin a mis les choses au clair : il ne veut plus vivre pareille mésaventure, et devoir subir la pression d'une éventuelle relégation.

C'est aussi dans ce sens-là que René Girard est entraîneur de Montpellier. Le coach dispose d'un caractère bien trempé qui colle bien à celui de son président. Également ambitieux, et très exigeant auprès de son effectif, Girard amène beaucoup à son club, et pas que des ennuis avec la Ligue Professionnelle de Football. Sans complexe face aux grandes équipes, en atteste ses victoires contre Lille et Marseille, et sa défaite au goût de victoire contre l'Olympique Lyonnais, le club est vraiment parti sur de bonnes bases pour aller loin dans ce championnat.

 

Jusqu'où peut aller Montpellier ? Bonne question, à laquelle il est difficile de répondre. Ce qui est certain, c'est que ce club est terriblement solide. Sérieux et consciencieux face aux équipes dites «plus faibles», les Héraultais parviennent à secouer les plus grosses équipes (Rennes avait également pris une claque 4-0 en début de saison!). Seul problème, la taille du banc qui est limitée, et pourrait pénaliser Montpellier.

 

Jérôme COLLIN

Publié dans Football

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