Le XV de France touche le fond

Publié le par sportsfans

 

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Si la qualification pour les quarts de finale n'était guère menacée, l'équipe de France a déjoué et s'est incliné face au Tonga (14-19). Un score clément au vu de la prestation indigeste du XV de France, qui devra vite se remettre dans le droit chemin, sous peine de se faire sortir dès les quart, contre l'Angleterre.

 

 

 

Certains records sont enviables, d'autre moins. La France en a pulvérisé deux hier. Elle rentre dans la catégorie très restreinte des équipes qui ont perdu deux matchs de phase de poule, mais en assurant quand même la qualification pour les phases éliminatoires. C'est aussi la première fois en compétition officielle que les Bleus rendent les armes face à de valeureux Tongiens. Une équipe du Pacifique qui n'a pas volé sa victoire, loin s'en faut. On serait même tenté de dire que c'est la France qui a volé son score, en inscrivant 14 points très chanceux, et en encaissant seulement 19 après avoir subi les foudres des joueurs du Pacifique pendant l'intégralité ou presque de la rencontre.

80 minutes d'un calvaire total, d'un cauchemar appare

mment sans fin. La seule attaque décisive, tranchante des Bleus intervient à la...80ème minute. Autant dire que la sélection tricolore n'a pas pesé sur le match, n'a pas existé du match, ni inquiété son adversaire du soir, beaucoup plus valeureux et désireux de gagner. La France s'en sort bien serait-on tenté de dire, alors même qu'elle vient de s'incliner pour la deuxième fois d'affilée. Certes, la qualification pour les quarts est bien là, mais elle se fait toute petite comparé à la ridicule prestation des Bleus.

 

Une défaite sportive et morale

 

Avant le match, d'aucun annonçait la défaite des Français. Tout juste le Tonga pouvait inquiéter cette équipe française, mais cette dernière saurait dominer, imposer sa puissance et sa technique. Après le match, toutes ces considérations ont été balayé par les vainqueurs du jour, mais aussi par les défaits.

Car si le Tonga a fait preuve de mérite, de bravoure ; la France a fait elle preuve de lenteur, de médiocrité. Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce jour désastreux pour l'histoire du rugby français, qui semble s'enfoncer jour après jour, semaine après semaine, dans un puits sans fonds, où pêle-mêle, s'accumulent les erreurs inutiles, stupides ; le manque de réalisme offensif, les lacunes défensives et techniques, et le déficit de confiance, de moral.

Il ne fait pas bon d'être supporter de cette sélection française, qui accuse le coup. Marc Lièvremont a beau assumer cette défaite, s'énerver contre la presse et ses joueurs, rien n'y fait, et le problème paraît plus profond. Autant la défaite contre la Nouvelle-Zélande comportait quelques motifs d'espoirs et de satisfaction, autant rien dans cette débandade n'est à retenir.

Les Bleus n'ont inscrit qu'un seul essai, sur leur seule action véritablement dangereuse. Le reste ne fut qu'approximations, erreurs, passes faciles manquées, plaquages loupés... Bref, le XV de France nous a livré une bouillie de rugby, où rien n'est à garder. La réaction de Vincent Clerc, auteur de l'unique essai des Bleus, montre que le Toulousain a compris la gravité de la situation. Aucune expression de joie, visage fermé, traits tirés, l'ambiance n'était pas à la fête même avec cette réduction du score, anecdotique ou presque. Les Bleus ont arraché le bonus défensif, mais ce point ne les rassurera pas, ne les réconfortera pas après cette performance indigeste.

 

L'Angleterre dans le viseur

 

L'objectif des quarts de finale est atteint. Mais avec difficulté et angoisse, dans une douleur indescriptible. Les deux premières victoires n'ont guère fait illusion sur le pauvre fonds de jeu des Bleus, et les défaites contre la Nouvelle-Zélande, logique, et contre le Tonga, plus surprenante, ont renforcé cette constatation. La France va maintenant se frotter à l'Angleterre, qui s'est péniblement tiré de sa poule. Les Anglais restent, malgré ce manque de panache, une équipe redoutable et redoutée, qui sait se démultiplier lors des matchs à éliminatoires immédiats.

Surtout, les Anglais nous ont déjà battu par deux fois lors des deux dernières Coupe du Monde en 2003 et 2007.

 

Marc Lièvremont a une semaine pour remobiliser ses joueurs, coupables à ses yeux, de ne pas avoir montré une réaction d'orgueil, de ne pas avoir montré de signes de blessure se sa propre estime. Le coach français va même plus loin, en comparant son groupe à celui de l'équipe de France de football de 2010 et l'épisode Knysna, reprochant à ses joueurs de «ne pas être sorti du bus». Des déclarations qui auront encore le mérite de faire parler, mais sans doute aussi la maladresse de provoquer des regains de tensions au sein du staff tricolore.

 

Samedi prochain, juste après la confrontation entre l'Irlande et le Pays de Galles, le XV de France s'en ira donc défier sa bête noire, le XV de la Rose. Un match couperet, qui décidera du sort de cette sélection française, décevante jusque là, mais toujours capable d'exploits et de sensations. La vie de Marc Lièvremont comme entraîneur de l'équipe de France ne tient plus qu'à un fil également. À lui de faire en sorte de rester en équilibre le plus longtemps.

 

Jérôme COLLIN

Publié dans Rugby

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