L'Espagne y est presque!

Publié le par sportsfans

forget-dur-a-avaler.jpgDans une arène toute acquise à la cause de la sélection espagnole, l'équipe de France n'a pas fait longtemps illusion lors des deux premiers simples de cette demi-finale. Nadal a étrillé Gasquet (6-3 6-0 6-1), puis ce fut au tour de David Ferrer de punir un Gilles Simon bien pâle (3-1 6-4 6-1). La France se retrouve menée 2-0 et n'a presque plus aucun espoir de qualification.

 

 

Guy Forget, capitaine de cette équipe de France de Coupe Davis, avait décidé d'aligner une équipe inédite. En l'absence de Gaël Monfils, on s'attendait à ce que Tsonga dispute au moins un des deux premiers simples, suivi de Gasquet ou Simon. Forget en a donc décidé autrement, alignant ces deux derniers. Pari perdant donc, puisqu'aucun n'a réussi à inquiéter leur adversaire respectif.

 

Il faut dire qu'ils n'avaient pas la tâche facile. Et le sérieux, l'application que se sont efforcé de mettre Nadal et Ferrer dans leur match a enterré les plus fols espoirs tricolores. Il était dans les environs de midi, quand Nadal, véritable idole en Espagne, est entré dans une arène survoltée pour voir son champion ramener le premier point à son équipe. Le numéro 2 mondial n'a pas failli, loin s'en faut, et même la fatigue accumulée à l'US Open ne l'a pas empêché de dérouler son tennis, sans que Richard Gasquet ne puisse faire quelque chose. À vrai dire, le Bitterois n'a pas vraiment forcé, lâchant très vite prise et coupant assez rapidement ses efforts. Lorsqu'il parlait de «déception» à la fin du match, on ne comprend pas trop les propos du Français, qui n'a pas réellement cherché à enquiquiner Nadal. Dommage car l'esprit de la Coupe Davis, c'est aussi ça : créer la surprise pourquoi pas, chercher au moins à contrecarrer les plans des nations favorites et supérieures.

 

Tant pis pour Gasquet et pour l'équipe de France, tant mieux pour la Roja et surtout Nadal, qui n'aura pas eu à s'employer outre-mesure pour disposer de son adversaire, et pourra donc se reposer jusqu'à son prochain match dimanche, s'il le dispute. Gasquet sorti par la petite porte, on attendait Gilles Simon, qui a calé en huitième de finale de l'US Open sous les coups de boutoirs incessants du géant Isner. Son adversaire David Ferrer n'a pas fait mieux, éliminé par Roddick au même stade. Mais le dur n'est pas la surface que chérit vraiment le numéro 5 mondial. Pour ce qui est de la terre battue, c'est une autre histoire. Les joueurs espagnols passent leur enfance et adolescence sur les courts de terre battue, sur l'ocre, à tel point qu'ils en sont des purs spécialistes. On ne fait pas mieux dans le monde. Si Ferrer n'a pas la carrure et le palmarès d'un Nadal, il n'a pas non plus à rougir de son parcours et de sa carrière. Toujours placé, jamais vainqueur pourrait être sa devise, même s'il en capitalise quand même 11 titres.

Donc Ferrer n'est pas un extraterrestre comme le Majorquin, mais sa pugnacité, son caractère de battant, de vainqueur en font un redoutable concurrent. L'Espagnol n'est pas du genre à lâcher et à faiblir, sauf devant un défi physique énorme, comme est capable de faire Gaël Monfils par exemple, sorte de chat noir de l'Ibère. Le problème est que Gilles Simon n'est pas vraiment doté d'un physique dévastateur qui aurait la faculté de perturber et fatiguer l'infatigable Ferrer. Simon a donc sombré en à peine plus de deux heures. Match assez long en temps pour un score très sévère (6-1 6-4 6-1) qui montre que «Gilou» n'a jamais été en mesure de batailler avec David Ferrer.

 

Avec un déficit de deux victoires au premier soir de la rencontre, la défaite semble déjà acquise. Et si la France venait demain à remporter le double, ce qui est largement dans ses cordes, on ne doute pas un seul instant que Rafa Nadal s'empresserait d'apporter le point décisif en simple. Autrement dit, la France n'a plus qu'à prendre un maximum de plaisir, n'a plus qu'à essayer de renverser une montagne, de faire mentir les statistiques qui ne lui sont pas vraiment favorables (seulement 3,5% de chances de se qualifier pour la finale). L'Espagne, elle, prend sa revanche de l'an passé, où elle avait été humilié 5-0 par l'équipe de France à Clermont-Ferrand. La rancune est tenace dans le sport, et les Espagnols se feraient un malin plaisir à ne pas nous laisser une seule victoire, un seul point au compteur.

 

Demain donc, le double est l'occasion quand même pour la France de glaner un point et repousser la sentence probable à dimanche. Forget a fait le pari d'inclure Tsonga dans la paire française. Choix étonnant donc, puisque le Français s'est fait éliminer en quart de finale du Grand Chelem américain, autant dire que son temps de récupération est plus important que Nadal par exemple, et à peu de chose près équivalent à celui de Ferrer. Si on ne peut pas refaire le match, le scepticisme demeure intact sur le bien-fondé des choix de Guy Forget.

 

Jérôme COLLIN

Publié dans Tennis

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